Maître de ton destin
Tracer la voie à suivre
Être créatrice de contenu, c’est choisir un métier en constante évolution. Pour certains, c’est aussi incarner ce qu’on l’on souhaite voir sur le Web en tant que personnes racisées. Je me suis entretenue avec Gérardine Jeune (@mellegeri) et Djamilla Toure (@djamishere). Elles ouvrent ici la conversation sur leurs réalités d’entrepreneures.

Qu’est-ce qui vous stimule dans vos emplois?
Djamilla : Au-delà de ma passion pour la photographie, je souhaite ajouter plus de diversité sur l’échiquier médiatique. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit des modèles qui sont des femmes noires avec des cheveux crépus et qui sont fières de ressembler à ce qu’elles sont.
Gérardine : J’adore faire partie du processus créatif et voir les idées prendre vie. Toutes mes passions sont réunies, ça me comble!
Quelles sont les sources de stress liées au travail de créatrices de contenu?
Djamilla : La pression à produire du contenu et l’algorithme. On peut facilement se comparer aux autres, ce qui peut être problématique pour la santé mentale. Cependant, j’essaie de me dire que c’est OK, si je ne publie pas de contenu pendant un certain temps. Tout le monde a son propre rythme et sa valeur ajoutée à apporter. Je ressens également de la pression lorsque vient le moment de créer du contenu commandité pour des marques, et que je suis la seule créatrice de contenu noire dans l’équipe, parce que je veux vraiment bien faire.
Gérardine : Notre industrie est obsédée par les chiffres : l’algorithme, le nombre d’abonnés, le taux d’engagement, etc. C’est vraiment dommage, parce que cette obsession peut nuire à notre santé mentale et à nos relations.
Où vous voyez-vous dans cinq ans, et dans dix ans?
Djamilla : Je me vois clairement travailler encore dans ce secteur et avec ce médium d’expression. Ce qui m’anime, c’est d’avoir plusieurs exemples de femmes noires dans l’imaginaire collectif. C’est ce qui permet de montrer la diversité et la pluralité de nos vécus, en plus d’encourager les plus jeunes à s’ancrer dans ce qu’ielles sont. Géographiquement parlant, je ne sais pas trop! Ce qui est beau dans notre métier, c’est qu’on peut parler à une communauté canadienne tout en étant en Côte d’Ivoire, par exemple.
Gérardine : Je me vois dans une villa… et en train de voyager! J’aimerais beaucoup prendre pied dans le domaine de la mode, parce que je ne suis toujours pas satisfaite avec l’offre proposée pour les vêtements taille plus. Sinon, je me vois également investir dans l’immobilier pour bâtir de la richesse générationnelle.
Comment jonglez-vous avec l’aspect financier de votre métier en tant qu’entrepreneures?
Djamilla : C’est un apprentissage! Je suis contente d’être entourée de plein de créatifs qui me remettent à l’ordre et m’aident à jongler avec l’aspect financier. Ensemble, on se partage les informations, on parle d’argent, d’investissement et d’épargne. Aussi, il y a tellement de choses qui entrent en jeu lorsqu’il faut afficher ses prix. C’est difficile de mettre un prix sur la valeur du travail que tu fournis ou le droit d’utilisation de ton image, surtout en tant que femme noire. On peut se faire avoir très facilement ̶ je l’ai appris à mes dépens…
Gérardine : Personne ne nous apprend comment gérer notre argent lorsqu’on est entrepreneure. On peut facilement se faire surprendre par les impôts! Ça peut aussi être précaire : on a tous eu des périodes creuses, parce qu’on n’est pas nécessairement payée sur une base régulière. Au départ, j’avais de la difficulté à donner des prix et à m’assurer d’être payée à ma juste valeur.
Qui sont les créateurs et créatrices de contenu d’ici à suivre?
Djamilla : Toi (Jessica), évidemment! Il y a également @petiteandbold, @sophiatim_, @sarambala, @esthernelsa et @natashaals.
Gérardine : J’aime beaucoup le duo @neverwasaverage! Il serait aussi pertinent de prendre le temps de découvrir ceux qui sont derrière la création de contenu : les vidéographes, les monteurs, les stylistes, les maquilleurs, etc.