Acheter une maison est un geste important qu’il faut considérer comme un projet à long terme, selon Angela Iermieri, planificatrice financière chez Desjardins. « Si j’avais un conseil à donner, ce serait de créer une habitude d’épargne le plus tôt possible », explique-t-elle. « Ensuite, l’étape la plus importante est d’établir un budget réaliste, grâce auquel on saura quel genre de mise de fonds et quels paiements on peut se permettre. C’est ça qui va déterminer le genre de maison qu’on devrait regarder.» Sage conseil. Une foule de facteurs influencent le choix d’une maison (la vie de quartier, la proximité de son lieu de travail ou de l’école, l’accès aux transports et aux services publics, etc.), mais si on se retrouve à vivre au-dessus de ses moyens, on risque d’être bien vite pris à la gorge et forcé de se priver de ses activités préférées.
Combien ça coûte?
Faire un budget, c’est bien, mais quel pourcentage allouer aux dépenses pour se loger? La réponse est simple : 32 % de notre revenu brut, un chiffre qui vaut tant pour l’achat que pour la location d’une propriété, d’ailleurs. Ce n’est pas une simple recommandation : ce pourcentage détermine le montant de l’hypothèque qu’on pourra t’accorder. « Dans notre jargon on appelle ça le ratio d’endettement et ça inclut les dépenses incontournables : les paiements hypothécaires, mais aussi les taxes (foncières et scolaires), le chauffage, etc. », explique Angela. « C’est important de se maintenir sous cette limite, d’autant qu’acquérir une maison implique une foule d’autres dépenses, incluant plusieurs imprévus ! »
Pour comprendre comment ces paiements vont affecter ta vie de tous les jours, Angela suggère un exercice facile: « Avant d’acheter, essaie d’évaluer les paiements hypothécaires que tu auras à faire. Si c’est plus que ton loyer actuel, mets la différence de côté et observe ce qui change dans ta vie de tous les jours après avoir ajouté cette dépense; ça te donnera une bonne idée de ce qui t’attend. »
Bâtir une fondation solide
Avant même de demander un prêt hypothécaire, il faut prévoir une autre dépense majeure: la fameuse mise de fonds. Si on entend souvent dire que l’idéal est d’avoir une somme correspondant à 20 % de la valeur de la maison, rares sont les premiers acheteurs qui peuvent se permettre d’accumuler un tel montant. « En fait, on peut mettre entre 5 % et 20 %, mais dans ce cas il faut faire assurer le prêt – donc penser à ajouter la prime d’assurance (4 % de la valeur du prêt si on met la mise de fonds minimum) », explique Angela Iermieri.
Sans oublier ce qu’on appelle les dépenses dites « de démarrage », qui s’accumulent vite : droits de mutation (la fameuse « taxe de bienvenue »), frais de notaire, inspection, déménagement, rénovations, mobilier, etc. Si tu veux pouvoir dormir sur tes deux oreilles dans ta nouvelle maison, tu as intérêt à avoir un bon coussin!
Et cet argent, il vient d’où? Si on commence tôt à cotiser dans un REER ou un CELI, non seulement on sauve de l’impôt mais on accumule une cagnotte dans laquelle on peut facilement piger au moment d'acheter une propriété. Le moyen le plus courant demeure le RAP (Régime d’accession à la propriété), qui permet de sortir jusqu'à 35 000 $ de son REER sans pénalité, du moment qu’on rembourse la somme dans les 15 ans qui suivent. « Et à partir de 2023, les institutions financières vont offrir un nouveau véhicule d’épargne, le CELIAPP (pour Achat Première Propriété) », explique Angela. « Tu pourras y cotiser un maximum 8 000 $ par an et accumuler jusqu’à 40 000 $. Ce qui est bien, c’est que contrairement au RAP, tu n’as pas à rembourser les sommes retirées. »
Alors, est-il raisonnable d’investir dans l’immobilier, même en ces temps incertains? Oui, croit Angela: « Une maison c’est un investissement à long terme et c’est, en quelque sorte, une épargne forcée. Il peut y avoir des fluctuations dans les taux d’intérêt et des imprévus et c’est pour ça qu’il faut bien planifier. Mais plus tôt tu achètes, plus vite tu rembourses ton prêt hypothécaire, ce qui va te permettre d’investir ton argent ailleurs. » Et pour y parvenir, il n’y a rien comme suivre les conseils des pros.